Affaire Artecosa : un nouveau scandale des manuscrits

Maitre Picoche est l’avocat de l’une des deux victimes d’escroquerie et d’abus de faiblesse. La procédure est en cours devant le Tribunal Correctionnel. L’audience du 9 janvier a été reportée. Me Picoche a obtenu un jugement du TGI contre ARTECOSA annulant le contrat portant sur l’achat d’œuvres d’art et ordonnant le remboursement de la somme de 75 600 euros à sa cliente. Ce jugement est définitif.

 


 

Des années que Guy Grandgirard piste les pratiques d’Artecosa, sorte de cousine d’Aristophil de rendement à 6,25% trop belles pour être tenues.

Quand il doit libérer de la place dans ses tiroirs, ce n’est pas bon signe. Chaque semaine, Guy Grandgirard reçoit des courriers de clients qui ont investi dans les produits de placement Artecosa. Et qui s’en mordent déjà les doigts. Le président de l’Association de défense des consommateurs (ADC) de Lorraine a été le premier en France à enquêter sur le dossier, dès août 2015 : « Définir Artecosa ? C’est le même système qu’Aristophil, mais en plus intelligent et retors. D’ailleurs, Luc Mazet, son PDG, n’est autre que l’ancien directeur général d’Aristophil de 2006 à 2008, et son adjoint Philippe Fontana est l’ancien directeur des achats d’Aristophil ».

Artecosa, comme Aristophi, propose à ses clients des placements à hauts rendements (6,25 %), adossés à des manuscrits anciens, des autographes de personnages célèbres, des partitions, vieux bouquins, poèmes ou photos d’art signées d’artistes plus ou moins célèbres. Français parfois, comme Lartigues ou Doisneau, plus obscurs comme le Hongrois Sudek… Des contrats de ce genre, Artecosa via son réseau de courtiers en auraient « placé » 3 000 à 3 500 en France. Des retraités fortunés, des commerçants, des héritiers, de simples épargnants, des salariés en rupture conventionnelle…

Plus d’argent dans la caisse

À l’ADC Lorraine à Nancy, Guy Grandgirard et l’avocat parisien de l’association en ont épluché 73, pour un montant total de placement de 5,5 M€. Vertigineux. « Artecosa qui n’est plus en mesure d’honorer financièrement ses engagements propose à certains clients de récupérer leurs œuvres. La société est au bord du gouffre financier, comme Aristophil le fut avant elle. Le système est globalement le même : une pyramide de Ponzi élaborée, ou les entrants paient la sortie des clients sortants, jusqu’au jour ou il n’y a plus d’argent pour honorer la dette finale. C’est malin mais scandaleux » confirme Guy Grandgirard.

Mail, appesl téléphoniques : chez Signatures, impossible de joindre Luc Mazet. En reavanche par le biais de son avocat, Me Arnaud Delomel, l’ADC Lorraine a bien déposé plainte contre Artecosa et alerte les usagers : « Le contrat 2008 d’Artecosa est le copier-coller de celui d’Aristophil, condensé en une page. Tout ce que j’avance est sur notre site internet depuis 2015, et jamais nous n’avons été contestés » explique Guy Grandgirard.

 

70
C’est, en millions d’euros, la somme estimée qu’aurait collectée Artecosa entre 2012 et 2015 auprès de ses clients investisseurs.

 

En janvier 2016, un client trop crédule d’Artecosa l’a contacté : « il souhaitait le remboursement de son placement, plus les intérêts comme prévu. Il a essuyé un refus. Il n’a pas son argent et pas les œuvres. Des exemples comme ça, nous en avons une dizaine ». Les policiers de la brigade financière à Paris ont mis en œuvre une enquête préliminaire. Une perquisition aurait même été diligentée au printemps dans les locaux d’Artecosa.

Sur le Net, Artecosa est toujours un site actif de placements, sous le vocable Signatures, domicilié au 32 rue Drouot à Paris dans le 9e. À deux pas seulement, de la célèbre salle des ventes où nombre de manuscrits virent leur cote exploser dans les années 2000. Pour ne plus valoir aujourd’hui, que le prix de vieux papiers jaunis.

(Source Article Vosges Matin – Pascal Salciarini)

Partager :